CHEMIN DE FER ANDALOU
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Entre Cordoue et Séville, est une petite
station où,
Sans raisons apparentes, le Sud-Express
s'arrête toujours.
En vain le voyageur cherche des yeux un
village
Il ne voit que la campagne andalouse: verte
et dorée.
Pourtant, de l'autre côté de la voie, en
face,
Il y a une hutte faite de branchages noircis
et de terre,
Et au bruit du train une marmaille loqueteuse
en sort.
La sœur aînée les précède, et s'avance tout
près sur le quai
Et, sans dire un mot, mais en souriant,
Elle danse pour avoir des sous.
Ses pieds, dans la poussière paraissent
noirs,
Son visage obscur et sale est sans beauté
Elle danse, et par les larges trous de sa
jupe couleur de cendre,
On voit, nues, s'agiter ses cuisses maigres,
Et rouler son petit ventre jaune;
Et chaque fois, pour cela, quelques messieurs
ricanent,
Dans l'odeur des cigares, au wagon
restaurant...
( Valéry LARBAUD )
En relisant ce poème, Juan
Andres Ezcurdia a le cœur qui chavire un peu, comme quand on navigue sur une
mer calme mais inconue. Une bouffée fraternelle de tendresse guide sa main pour
évoquer sans concupiscence et à la mine de plomb la robe de la danseure … « Car elle est son amour et les autres femmes n’ont que
des robes d’or sur de grands corps de flamme »
Dans la vallée du Rhône, je rencontrai une
garçonnette presque nue, qui dansait avec une chèvre; Elle demandait la charité
à un riche jeune homme bien vêtu qui passait en poste, courrier galonné en
avant, deux laquais assis derrière le brillant carrosse. Et vous vous figurez
qu’une telle distribution de la propriété peut exister? Vous pensez qu'elle ne
justifie pas les soulèvements populaires?
Chateabriand, le conservateur. (Mémoires d’outre tombe .T. II 813)
On n’arrête pas le progrès. Une génération plus tard
Victor Hugo l’opportuniste lui donnera cent sous pour une pipe…. (Victor Hugo
Choses vues)
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