LES KAKIS
Mon
disciple Kyoraï est si indolent qu’il laisse les hautes herbes couvrir ses fenêtres
et les branches chargées de kakis peser sur son toit. Les trous dans la
couverture de chaume sont nombreux, et les pluies de mai moisissent les nattes
au point qu’on ne sait trop où se coucher…
(Bashô)
En quittant la forge d’Arclong Juan Andres
Ezcurdia retrouve le plaqueminier évoqué par Hector Belascoaran Shayne, et, en
forme de bunker, la cabane des kakis tombés à terre. Mais le
temps a passé, la fouille s’avère vaine. Reste l’arbre fruitier. Devant ce
symbole de l’anti-marescence, il retourne les yeux au dedans de soi et à
travers la réluctance de la mémoire, surgissent les kakis oubliés de l’enfance.
Juan Andres Ezcurdia
Kakipiscence
(huile sur plaqueminier) William Rockhill
Nelson Gallery of Art, Kansas City
Clic sur oreille gauche de la souris pour image
grand format & copiable
Juan Andres Ezcurdia
« Encore un instant ! Monsieur le Pinceau ! »
(huile sur
plaqueminier)
Dans l’entêtante odeur de la térébenthine
Il peint un kaki, flanqué d’un potimarron
Nous voilà loin du dôme de la chapelle Sixtine :
L’entreprise est modeste, mais elle a sa raison
A travers le pigment qui sous le glacis luit
Sous le poil de la martre, sur le bois de tilleul
Naît l’image volée au légume et au fruit
Qui en tirent plus de lucidité que d’orgueil :
Le potimarron pressent le potage de saison
Et le kaki ressent déjà
la cuillère d’argent
Qui fouaillera ses entrailles blettes et parfumées.
Un cri : « Encore un instant, monsieur le pinceau ! »
Pour qu’échappant au destin alimentaire
nos graines finissent sur le nourricier bourrier
inachevé
le silence de la semence
fur sans mesure dans son for extérieur
!
© Informatique Basco-Béarnaise Moderne
™®
(1) Barjaweb